Idéosphere

De tous les concepts que je connais, il y en a deux qui me fascinent par leur irrationnalité et leur relation au divin: la religion et l’idéosphère. Le premier est bien trop épineux pour tenter toute analyse. Le deuxième quant à lui se laisse docilement apprivoiser et a l’avantage de ne pas susciter les passions (même si certains y verront une inclusion du premier).

Le concept en lui-même est simple: nous puisons nos idées dans un grand réservoir commun. Il me semble que je suis tombé dessus pour la première fois dans un bouquin de Werber. Puis récemment, j’ai retrouvé cette notion dans un excellent bouquin (Lessons in Grid Computing, The System is a Mirror - Stuart Robbins; comme quoi, je fais vraiment un master de gurus!) qui faisait référence à la Noosphère de Pierre Teilhard de Chardin (un Auvergnois, d’ailleurs!). Les deux termes se récoupent, bien que De Chardin y voyait carrément une pellicule de faible épaisseur entourant la Terre contenant toutes les connaissances de l’humanité et sa capacité de traitement de l’information. Il est parfois même considéré comme le père spirituel d’Internet.

Mais le plus intéressant dans ce concept, c’est la notion de parallélisation des idées: toute idée est à une période donnée uniformément distribuée au sein de l’idéosphère. L’idée est alors en quelque sorte diluée dans la conscience collective avant d’être subitement “incarné”: c’est le fameux “Eureka!”. En quelque sorte, une idée ne naît pas d’elle-même dans l’esprit de son inventeur, elle “plane dans l’air” un certain temps avant de piquer du nez et de frapper sa victime:Paf! Tiens, voilà pour toi! Maintenant débrouilles-toi! Sympa l’idée… Ce caractère volatile permettrait alors d’expliquer la simultanéité de certaines découvertes dans des régions différentes du globe… Dans cette optique, nous sommes tous des réceptacles à idées potentiels (n’est-ce pas poétique?).

Je ne sais pas si certains d’entre vous ont déjà subi (c’est le terme) une idée. Je parle d’une vraie idée. Celle qui frappe à l’improviste et surtout tout entière. Pas juste une piste à suivre, pas une formule. Non, une idée, quelque chose qui prend subitement sens mais qui ne peut être cerné immédiatement. Archimède ne s’est pas exclamé dans son bain “Tout corps solide plongé dans…”, nan, juste “Eureka!”. Le déclic quoi… Moi je vous avoue que je m’en suis pris au moins une sur le coin du nez récemment. Malheureusement, je ne sais pas si elle est bonne ou mauvaise (eh oui, toutes les idées ne sont pas bonnes!) mais elle devrait en tout cas me fournir un sujet de thèse intéressant…

Evidemment, ce concept peut être interprêté à n’importe quel niveau: le sceptique y verra simplement une question de contexte des savoirs, le mystique y verra l’intervention divine, et les autres ne se prendront pas la tête dessus! Mais moi, ce n’est pas la cause qui m’intéresse, simplement le concept: parallélisation des idées. Avec Internet, nous somme déjà en plein dedans. Bientôt, et je parle à court-terme, le raisonnement même pourra être parallélisé…